place au privé

Publié le par subverpsy

J'ai été destinataire vendredi d'une information qui m'a stupéfait malgré mon habitude des nouvelles stupéfiantes.

Le directeur de l'hôpital m'a demandé mon avis à propos de l'ordre du jour du  CROSMS,
(comité régional de l’organisation sociale et médico-sociale), qui va avoir lieu le mercredi 15 avril . J'ai ainsi appris que 5 projets d' ouverture de cliniques psychiatriques privées sur le département voisin vont y être présentés dont 4 avec l'avis favorable de la DASS (direction des affaires sanitaires et sociales) . Cela représente, pour les seuls projets avec avis favorable,  135 places d'hospitalisation temps plein et une soixantaine de places de jour. J'ai été d'autant plus stupéfait qu'il n'a pas été question de ces projets grandioses dans le cadre des réunions régionales censées définir la politique de psychiatrie dans la région

Je n'ai pas pu savoir si ces projets ont été portés à la connaissance des collègues de l'hôpital psychiatrique du département concerné. Cependant, dans certains dossiers, il est fait état de contact "positifs" avec les secteurs et l'un des projets, privé je le rappelle, est même censé se construire dans l'enceinte de l'hôpital. Celui qui n'a pas l'avis favorable a pour "parrains" les professeurs du CHU.

Enfin, l'un des projets ose mettre au nombre des psychiatres temps plein prévus Mme X..., qui travaille dans mon service. Elle m'a expliqué qu'elle s'est fait piéger. Un amie lui a parlé d'une possibilité d'intervenir dans une clinique qui allait se monter. Elle a envoyé un CV pour une éventuelle activité  dans le cadre de son AIG (activité d'intérêt général), c'est à dire pour 2 demi-journées. On voit le sérieux des dossiers présentés

Au moment où les économies à tout prix sur les budgets psychiatriques mettent en péril les soins dans les secteurs de psychiatrie publique, une DASS donne un avis favorable à un ensemble de projets privés désectorisés (ce qui implique une sélection des malades) qui représenteront pour la sécurité sociale une dépense de plusieurs millions d'euros par an de façon pérenne. En ces temps de vaches maigres, les actionnaires vont être ravis.

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