inventaire avant fermeture chapitre 2: Quelques idées à propos de la prise en charge des détenus.(2006)

 

Quelques idées à propos de la prise en charge des détenus.



Introduction

La prise en charge des détenus est un non-problème.





Première partie :

L'accès des prisonniers aux soins est une mission du service public de psychiatrie.

Il n'y a aucune raison pour qu'un détenu soit un malade dangereux :

Un malade détenu est connu, avant son hospitalisation, par l'équipe psychiatrique de la prison (psychiatre, infirmière, parfois psychologue). Cette équipe évalue la dangerosité du patient et n'adresse à l'hôpital que ceux dont l'état clinique est compatible avec un service de psychiatrie habituel.

Le service d'admission constitue un filtre supplémentaire.

Lors de son hospitalisation, l'équipe accueillante peut être aidée par l'équipe de la prison.

Un malade détenu était plus dangereux avant son incarcération et sera sûrement plus dangereux après son incarcération. Pourtant, n'étant plus détenu, il ne fera l'objet d'aucunes des précautions prévues par un protocole «pour détenu».

Chacun d'entre nous peut devenir un détenu pour des raisons personnelles ou professionnelles. Nos enfants, des gens de notre famille peuvent devenir des détenus pour des délits qui touchent «tout le monde» : détention de cannabis, délit automobile...

La qualité d'un service, de même que celle de toute société, se mesure à la façon dont elle traite les plus fragile et les plus marginaux.



Deuxième partie :

L'ouverture du centre pénitentiaire voisin, coïncidant à peu près avec l'affaire de Pau, a remis en évidence le problème de la violence en psychiatrie. Il a, en particulier, requestionné l'absence de chambre de soin sécurisée dans les services. Il faut rappeler que cette absence a été, pour beaucoup, un choix médical que ni l'administration, ni les équipes soignantes n'ont vraiment remis en cause.

L'adoption d'un protocole de mise en chambre de soins par la CME n'a pas vraiment été suivie d'effet. Ce n'est que lorsque la prison a reçu ses premiers détenus que l'administration a commencé, à la va-vite, la mise en oeuvre d'un programme de chambres de soin sécurisées sans débat préalable, sans étude qui auraient tenu compte des exigences du soin autant que de la sécurité.

Aucun enseignement n'a été tiré de l'expérience de dix ans de fonctionnement des quelques chambres de soins qui existaient.

Il n'a jamais été discuté du retentissement de la cohabitation des patients hospitalisés d'urgence et de ceux qui viennent de façon contractualisée.



Conclusion :

Le problème de l'hospitalisation des détenus doit être traité par cet hôpital comme un problème de soin. C'est-à-dire de façon professionnelle.

La façon dont il a été traité jusqu'à présent fait apparaître des risques de dérives éthiques graves : discrimination, refus d'accès au soin, stigmatisation.

Il est curieux que personne, dans l'établissement, ne se soit ému de la sécurité d'infirmières psychiatriques qui se rendent seules, tous les jours, dans les chambres de détenus présumés dangereux. Il s'agit, bien entendu, des infirmières psychiatriques intervenant dans les prisons.



Pour finir, je répéterai que l'hospitalisation des dérenus est un non-problème, c'est-à-dire un des nombreux cas particuliers de l'hospitalisation psychiatrique. Le seul problème à mes yeux est celui des détenus trop dangereux pour être hospitalisés à l'hôpital et qui, eux ne reçoivent pas de soins adaptés.



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